- débordement
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• XVe; de déborder1 ♦ Action de déborder; son résultat. Débordement d'un torrent, d'un fleuve. ⇒ crue, inondation. « le brusque débordement d'un liquide laissé trop longtemps sur le feu » (Courteline).2 ♦ Fait de se répandre en abondance. Débordement de paroles, d'injures. ⇒ bordée, déluge, flot, torrent. Débordement de joie, d'enthousiasme. ⇒ déferlement, effusion, explosion. Débordement de vie, de sève. ⇒ exubérance, surabondance. « un débordement de mâle tendresse » (France).♢ Plur. Excès, débauche. « Pour ses débordements, j'en ai chassé Julie » (P. Corneille).3 ♦ Action de déborder l'ennemi. Débordement sur la gauche. Manœuvre de débordement et d'encerclement (cf. Mouvement tournant) .4 ♦ Inform. Dépassement de la capacité de stockage des registres d'une unité de traitement, au cours d'une opération arithmétique ou logique.Synonymes :- crueGrande abondance, profusionSynonymes :- afflux- débauche- déluge- exubérance- flot- torrentdébordementn. m.d1./d Fait de déborder. Débordement d'un cours d'eau.d2./d Fig. Profusion, abondance excessive. Un débordement de paroles.d3./d Plur. Fig. Excès, conduite dissolue. Se livrer à des débordements.⇒DÉBORDEMENT, subst. masc.A.— Action de déborder, résultat de cette action. Débordement d'un liquide, plus gén. débordement d'un fleuve, d'une rivière. Le débordement périodique du Nil (cf. DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 15).— P. métaph. :• 1. Quand arriva l'antiquité à flots tumultueux (...) elle fit irruption et nous inonda. Jusqu'à Malherbe, ce ne fut que débordement et ravage. Le premier il posa des digues et fit rentrer le fleuve en son lit.SAINTE-BEUVE, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 284.— P. anal.1. MÉD. Évacuation abondante et subite d'un liquide organique. Débordement de bile, d'humeurs (Ac. 1798-1932). Débordement de larmes (cour.). Hier, j'ai été un peu malade d'un débordement de bile, occasionné par tant de fatigues (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1809, p. 177).2. [Le compl. désigne des pers.] Irruption par surprise, et p. ext. irrésistible d'une multitude d'envahisseurs. Le débordement des barbares dans l'Empire romain (Ac. 1798-1932). Vers cette époque [XVe s.], un débordement de Grecs dans notre occident (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 19).— P. ext. Un débordement de fleurs, d'herbes folles. Synon. abondance, foisonnement.B.— Au fig.1. Débordement de + subst. désignant des paroles, l'expr. d'un sentiment, une œuvre de l'esprit, etc. Quantité qui se répand à profusion, d'une manière subite et/ou violente. Débordement de haine, de paroles, de passions. Un débordement d'injures, de louanges, d'écrits (Ac. 1835-1932). Leur indignation éclatait en menaces et en débordements (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 7). Été! coulure d'or; profusion; splendeur de la lumière accrue; immense débordement de l'amour! (GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 235) :• 2. Quoi de plus significatif que le mystérieux attrait exercé sur Gide par les œuvres puissantes où le génie créateur semble vivre dans une atmosphère de multiplication, d'exagération et de débordement? ...MASSIS, Jugements, 1924, p. 25.2. Gén. au plur. (au sing. ds Ac.). Sortie des limites de ce qui est permis ou admis, excès, désordre des mœurs. Le débordement des mœurs, scandaleux débordement (Ac. 1798-1932). Donner libre cours à ses débordements. Synon. débauche, déportements (littér.). Tonner contre le dévergondage moderne, les débordements abominables de l'époque (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 231) :• 3. ... partout, dans l'église, des femmes veuves ou vieilles, sans affection, ou des femmes abandonnées ou des femmes torturées dans leur ménage, demandant que l'existence leur soit plus clémente, que les débordements de leurs maris s'apaisent, que les vices de leurs enfants s'amendent, que la santé des êtres qu'elles aiment se raffermisse.HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 149.C.— ART MILIT. Action de déborder l'ennemi (cf. déborder II A 3). Manœuvre de débordement et d'encerclement. Par l'arrivée et les progrès des forces britanniques sur la rive nord de la Lys (...), nous commençons bien de réaliser le débordement et l'enveloppement de l'aile nord des armées allemandes (FOCH. Mém., t. 1, 1929, p. 181).— P. anal., SP. Manœuvre consistant à doubler son adversaire par le côté pour obtenir l'avantage. Feinte et débordement extérieur (cf. J. MERCIER, Football, 1966, p. 42).Rem. Ce dernier sens est noté par Lar. Lang. fr.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. desbordement; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XVe s. [ms.] desbordement [d'un fleuve] (Ancienn. des Juifs, Ars 5082, f° 44 ds GDF. Compl.); b) 1575 [d'humeurs] (A. PARÉ, Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, XX, 11); 2. av. 1654 debordemens d'amitié (Guez de Balzac ds Trév. 1704); 3. 1538 au fig. « désordres » (EST.). Dér. de déborder; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. :322. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 453, b) 595; XXe s. : a) 572, b) 319. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 136.
débordement [debɔʀdəmɑ̃] n. m.ÉTYM. XVe; de déborder.❖1 Action de déborder; résultat de cette action. || Le débordement d'un torrent, d'un fleuve. ⇒ Crue, débord, inondation.1 (…) lorsque le débordement du Nil montait à douze coudées, la fertilité était fort grande (…)♦ Le débordement d'un liquide, d'un trop-plein.2 Mais sitôt seul, tout éclatait ! c'était le brusque débordement d'un liquide laissé trop longtemps sur le feu.Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 3e tableau, II, p. 104.♦ Méd. || Débordement de bile, d'humeurs.2 Fait de se répandre en abondance. || Le débordement de ses protestations, de sa colère. || Un débordement de paroles, d'injures, de protestations, de compliments. ⇒ Bordée (fam.), déluge, flot, flux, pluie, profusion, torrent. || Débordement de joie, d'enthousiasme. ⇒ Effusion, explosion. || Débordement de vie, de sève. ⇒ Exubérance, surabondance. — Débordement d'immoralité, débordement des instincts. ⇒ Déchaînement, libertinage, licence. — Plur. Excès, débauche. || Tomber dans des débordements… || Les débordements de Messaline.3 Pour ses débordements j'en ai chassé Julie (…)Corneille, Cinna, V, 2.4 (…) du corps tout usé la traînante langueurDans le débordement de cette plénitudeSouvent trouve un trésor de nouvelle vigueur.Corneille, l'Imitation de J.-C., IV, 241.5 (…) c'est un débordement de louanges en sa faveur, qui inonde les cours et la chapelle (…)La Bruyère, les Caractères, VIII, 32.6 La morale sous le Directoire eut plutôt à combattre la corruption des mœurs que celle des doctrines; il y eut débordement.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 115.7 Elle ne se retenait plus, lancée dans un débordement d'injures, d'infamies, jusqu'à ne pouvoir bégayer à la fin que des mots « lâche… menteur… lâche… »Alphonse Daudet, Sapho, XII.8 Jean Blaise (…) vint dans l'atelier (…) embrasser le juré avec un débordement de mâle tendresse.France, Les dieux ont soif, p. 99.9 En somme, je ne me suis jamais soucié des grands problèmes que dans les intervalles de mes petits débordements. Et combien de fois, planté sur le trottoir, au cœur d'une discussion passionnée avec des amis, j'ai perdu le fil du raisonnement qu'on m'exposait parce qu'une ravageuse, au même moment, traversait la rue.Camus, la Chute, p. 71.3 Milit. Action de déborder. || Débordement des armées ennemies sur un pays. ⇒ Irruption; déferlement, envahissement. — Débordement d'une armée par les ailes. || Manœuvre de débordement et d'encerclement (→ Mouvement tournant).♦ (1904, in Petiot). Par anal. (Sports). Contournement d'un adversaire destiné à percer sa ligne de défense.❖CONTR. Endiguement, maintien, refoulement, retrait.
Encyclopédie Universelle. 2012.